Saint-Eugène
Si le village est très ancien (vestiges gallo-romains et premières notations écrites du XIV° siècle) l’église est relativement récente : elle a remplacé l’église primitive (dont nous n’avons pas de traces) démolie dans les années 1860.
La paroisse fut mise sous le patronage de Saint Eugène peut-être au moment de l’évangélisation de la région par un moine de Vieux où étaient conservées ses reliques.
Il faut admirer la richesse de la décoration intérieure. C’est le peintre Nicolas Greschny qui réalisa les fresques du chœur en 1947. Plus tard en 1986 il acheva son œuvre avec l’aide de son fils Micha Greschny et de sa bru (Claire Lebel). Selon Jacques Castagné, Nicolas Greschny travaille « à la manière d’un imagier roman » c’est à dire dans un style foisonnant de symboles à significations religieuses.
Découvrons la nativité sur le bas-côté droit de la nef. Ce qui frappe : sa sobriété. Il n’y a que les personnages principaux.
La Vierge Marie, au centre de la composition attire notre regard. Elle est dans une posture assez étrange. Elle n’est pas complètement couchée comme dans certaines nativités : elle n’est pas non plus droite, encore moins à genoux comme en d’autres. Cette posture nous rappelle qu’elle vient d’accoucher ; mais aussi elle se relève pour adorer l’enfant qu’elle vient de mettre au monde. Elle ne repose sur aucun support au contraire de Joseph, assis sur une prééminence rocheuse.
La couche de Marie est blanche, alors qu’habituellement, elle est rouge sur les icônes de la nativité. Ce blanc peut nous faire penser à sa pureté.
Son regard est tourné vers l’enfant Jésus. Sans rigidité, sa main droite nous montre son enfant, tandis que sa main gauche est levée dans une attitude de prière et d’attestation.
L’enfant Jésus posé dans le berceau est complètement emmailloté et “ficelé”. Il ne peut bouger. De plus son berceau ressemble étrangement à un tombeau. Celui qui naît à Bethléem est le même qui reposera un jour, dans un tombeau. Il sortira vainqueur, ressuscité. Noël annonce Pâques. Cette victoire sur la mort est représentée, en pendant, à gauche de la nef de l’église.
L’âne et surtout le bœuf tout près de l’enfant. Ils sont là pour nous interpeller à la suite du prophète Isaïe :
“Ecoutez, cieux ! Terre, prête l’oreille ! C’est le Seigneur qui parle : Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas.” (Isaïe 1,2-3) Est-ce que nous saurons reconnaître en cet enfant qui vient de naître à Bethléem, le Sauveur, celui qui nous apporte la paix ?
Au-dessus de la tête du bœuf : un astre. Immédiatement nous pouvons penser à l’étoile qui guida les mages jusqu’à Bethléem. Cependant la forme donnée aux rayons de cet astre peut nous faire penser aussi à un soleil. Jésus, le Christ qui naît à Bethléem est le soleil de justice qui éclaire nos vies.
Saint Joseph se tient derrière la Vierge Marie. Il est à l’écart : il n’est pas le père de cet enfant. Il regarde et s’interroge. La tradition a donné des contenus très différents à cette interrogation, depuis le scepticisme : “D’où vient cet enfant dont je ne suis pas le père ?”, jusqu’à la découverte : “Qui peut-il bien être ?”. Aussi comparez la couleur de son manteau avec les rayons de l’astre au-dessus de la mangeoire. On retrouve les mêmes nuances dorées : comme si Joseph était éclairé, illuminé par cette lumière.
À la crèche il nous représente ; il y représente toute l’humanité qui ne cesse de se demander : “Qui est celui qui naît ainsi ?” Qu’elle est notre réponse ?
Mais il est assis sur du rocher. Le rocher dans la Bible est une des symboliques de Dieu. En plusieurs psaumes, le suppliant affirme que le Seigneur son roc, son rocher. Joseph est celui qui n’a cessé de s’appuyer sur Dieu et de faire ce qu’il lui demandait en songe.
Comme lui, nous pouvons compter sur Dieu, c’est du solide.
Père Gérard Soulié
Les bannières sous la tribune rappellent les confréries et leurs processions : l’une représente la gloire de Marie surmontée de deux anges.
Les Rosiérois firent appel à Saint Aubin (statue en bois du 15e siècle) pour les délivrer de la peste. On parla longtemps du « vœu de st Aubin ».
Enfin cette très ancienne pierre porte, dans les branches d’une croix : soleil et lune en haut et deux étoiles ou roses (donnant Rosières?) en bas. Est-ce une pierre tombale, portant le blason des Monestier? Difficile de préciser.
(source : Jacques Castagné : « L’église Saint-Eugène de Rosières en Albigeois »)