Chaque 1er mai, les confréries se rassemblent à Salles sur Cérou à l’occasion des fêtes initiées par la confrérie de la pierre de Salles.
Cette année, le Père Gérard Soulié leur a proposé une réflexion sur le travail, la fête du Travail coïncidant avec la fête de St Joseph travailleur:
« Frères et sœurs, chers amis membres de ces nombreuses confréries ici présents, je voudrais vous inviter à revenir sur ces paroles de Jésus : Mon Père est toujours à l’œuvre et moi aussi, je suis à l’œuvre.
On traduit aussi parfois :
“Mon Père travaille toujours et moi aussi je travaille.
• En 1955 le Pape Pie XII a souhaité que les catholiques participent et marquent par une célébration spéciale cette fête du travail, qu’est le 1° mai.
S’il y a une figure chrétienne exemplaire et typique de travailleur c’est bien st Joseph qui comme je vous l’ai dit les années précédentes était l’artisan polyvalent au service des habitants de Nazareth.
• Toutes les confréries ici représentées ont du manière ou d’une autre un lien avec le travail. Depuis le travail de la pierre pour la confrérie de la Pierre de Salles qui nous invite ce matin, jusqu’aux confréries liées à des produits de la table : cassoulet, vins …
Ces trois éléments évoqués : ces paroles de Jésus sur le travail, la fête de st Joseph travailleur et toutes vos confréries, nous invitent à une petite réflexion sur le travail, sa valeur, sa dignité, sa place dans nos existences personnelles, dans la société et dans le fond commun de notre civilisation marquée par le message de Jésus Christ.
On peut dire globalement que dans notre civilisation, travailler paraît normal, valorisant. Ne pas avoir un travail est toujours malheureux et même souvent dramatique ; mais ne pas vouloir travailler est perçu au moins comme anormal.
Nous avons entendu st Paul fustiger certains des premiers chrétiens qui ne travaillaient pas. Il faut savoir que les premiers chrétiens vivaient un partage accentué, aussi certains en profitaient pour ne rien faire, ne pas travailler en vivant sur la croûte de la communauté. D’où la mise au point de st Paul : s’il ne veulent pas travailler qu’il ne mangent pas non plus.
Pour nous chrétien, pour la civilisation marquée par le judéo-christianisme, travailler n’est pas une contrainte, au contraire. C’est une œuvre bonne, valorisante.
Un survol historique rapide depuis l’antiquité jusqu’à maintenant de la manière de concevoir le travail, fait apparaître des conceptions opposées, y compris chez traditions religieuses qui sont loin de faire leur cette affirmation de Jésus : “Mon Père travaille toujours”.
À l’exception du peuple juif, dans l’antiquité le travail était surtout le lot des esclaves et des petites gens. L’idéal de vie était d’avoir des esclaves à son service, et ainsi de pouvoir vivre comme des pachas passant sa vie à philosopher et à discuter comme cela se pratiquait à Athènes.
“Affairés, occupés à ne rien faire” comme dit st Paul, en faisant travailler les autres.
Or cette conception du travail réservé aux esclaves et pas du tout fait pour ceux qui se considéraient comme des hommes libres, cet idéal de vie sans avoir à travailler, perdure aujourd’hui.
Je crois qu’il n’est pas nécessaire d’en dire plus car nous sommes assez informés : il y en a qui préfèrent ne rien faire ou pas trop, plutôt que de travailler.
Je ne parle pas bien sûr de ceux qui, en sens inverse, cherchent du travail et n’arrivent pas à trouver un emploi.
Saint Paul qui se donne en exemple, ne fait que prolonger l’exemple et l’enseignement de Jésus …
… Jésus qui à Nazareth partage le métier de son Père Joseph jusqu’à la trentaine, jusqu’au moment de sa prédication.
Ensuite en parcourant la Palestine pour son ministère, il ne cesse d’accompagner son enseignement de multiples œuvres de guérisons, et ceci même le jour du sabbat comme ce fut le cas pour la guérison de ce paralytique à la piscine de Bethsatha.
D’ailleurs avec cette guérison Jésus ajoute un sens nouveau une orientation nouvelle au travail : celui du service, de l’entraide, en particulier pour les plus défavorisés, comme l’était ce paralytique qui n’avait personne pour l’aider à se baigner le premier dans la piscine quand l’eau se mettait à bouillonner.
Le travail comme service, service de sa famille, des siens, service de ceux qui sont concernés de près ou de loin par le métier que l’on exerce.
Le travail en devient plus qu’un gagne pain, même s’il reste cela. Il est service, service des siens, de ses proches, de la société ;
Plus que cela : il est participation à l’œuvre de création permanente de Dieu.
Ainsi pour un chrétien, le travail est une imitation de Jésus Christ, et de son Père, notre Dieu créateur qui travaille toujours.
• À chaque messe, le prêtre en présentant au Seigneur ce peu de pain qu’est l’hostie et une gorgée de vin, prononce cette bénédiction : “Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes,
“Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes”
“Fruit du travail des hommes” : Ce peu de pain et de vin rassemblent, concentrent et renvoient à tout le travail accomplit par les hommes au fil des jours, plus spécialement celui accompli dans le semaine écoulée.
Tout le travail des hommes présenté au Seigneur …
Quand on y réfléchit, c’est incroyable. Incroyable cette dignité, cette valeur, cette importance donnée au travail.
À notre époque, certainement autant qu’à toutes les époques, mais avec des formes différentes, le sens du travail, sa valeur, son importance, sa dignité, sa nécessité ont besoin de ne pas être oublié, … besoin d’être reconnu,
Et ce n’est pas parce qu’on est à la retraite qu’on n’est plus concerné par le travail, peut-être oui par le travail comme métier ; mais pas du tout comme occupation et investissement … dans la famille, dans la société, en participant, en “œuvrant” à des associations les plus diverses pour le bien commun.
Ce que vous faites d’une certaine manière par la participation. à vos confréries.
• Tout au long de leur histoire les chrétiens, avec des formes trés variées, avec une inventivité et créativité remarquable n’ont cessé de donner une place importante au travail dans leur existence.
Cependant il l’ont fait en ne se comportant pas comme des esclaves ; c’est à dire en ne travaillant pas sans s’arrêter, sept jour sur sept. sans prendre de repos.
— Retrouver le sens du travail, c’est donc aussi retrouver le sens du dimanche, le sens de ce jour consacré au Seigneur par la participation à la messe ou en priant un peu ou un peu plus.
— Retrouver aussi le sens de ce jour consacré au renforcement des liens familliaux, communautaires, — comme le disait le Pape Benoît XVI, — ceci à l’exemple du Seigneur Jésus qui a guéri ce malade un jour de sabbath.
Que nous soyons les uns et autres par nos diverses occupations et engagements au service des autres et de la société, des témoins de cette grandeur et valeur du travail. Que saint Joseph soit un exemple pour nous et le plus grands nombre de nos concitoyens. »